Les législations en matière de ventes aux enchères assurent en principe la transparence des transactions, et veillent au respect des intérêts des vendeurs comme des acheteurs.
Tout habitué des salles de ventes sait pourtant que, au quotidien, on est parfois loin de l’intention des législateurs, et que certaines pratiques occultes aboutissent au pervertissement du système.
C’est une technique vieille comme le système lui-même, et qui consiste à annoncer des enchères fictives sur un lot, afin d’inciter un acheteur à continuer à enchérir. On assiste alors à une gesticulation fort bien rodée, au cours de laquelle le meneur des ventes pointe en général le doigt vers un coin de la salle, pour annoncer une enchère inexistante, ou prononce même une de ces phrases qui ne prêtent pas à conséquence, mais qui « crédibilisent » l’annonce : «Monsieur, au fond de la salle…» ou «Madame, au dernier rang», etc.
Cette pratique n’est pas sans danger, le «gogo» qu’on tente de bourrer pouvant très bien s’abstenir au moment où on est sûr de le tenir. S’en suit alors souvent une scène incompréhensible pour qui n’a pas suivi la délicate opération : le meneur de vente fait mine de s’être trompé, et revient vers l’acheteur pour adjuger à la dernière enchère que ce dernier avait effectivement portée, ou annonce le retrait, faute d'acheteur.
On ne peut concevoir une vente sans la présence de marchands. Ceux-ci sont souvent debout, au fond de la salle des ventes, et sont organisés par groupes d’intérêt. Ils portent des enchères sur les lots, à tour de rôle, et poussent ces enchères jusqu’au maximum considéré comme rentable du point de vue du commerce. Au delà de ce maximum, le lot est laissé, soit à un autre groupe plus audacieux, soit le plus souvent au particulier, qui paie ainsi un prix que le commerce considère comme limite.
L’intérêt de la coalition des marchands ne peut se comprendre qu’à travers la technique dite de la «révision». A la fin de la vente, les membres d’un même groupe se retrouvent et procèdent à cette fameuse réviz. L’opération consiste à refaire les enchères, entre les membres du groupe, sur chacun des lots acquis par le groupe, en partant du prix «marteau» enregistré en salle de ventes. La différence entre l’enchère en salle et celle en réviz est inscrite dans une cagnotte, laquelle est répartie, à la fin des opérations, entre les membres du groupe. Ce système permet à certains intervenants de participer au partage des bénéfices de la vente sans avoir financièrement rien engagé.
C’est une pratique qui, tout en solidarisant les intérêts d’un groupe, lèse indéniablement ceux des acheteurs comme des vendeurs, et fausse la nature même du système de vente. Et aucune législation n’a encore pu en venir à bout.
Les ventes aux enchères constituent un indicateur précieux pour le marché de l’art. En matière d’arts plastiques en particulier,la confrontation de l’offre et de la demande aboutit à des cotes, qui permettent alors de situer la valeur objective d’un artiste. Dés lors, la tentation est parfois grande de tenter de fabriquer une cote.
Des opérateurs bien au fait des évolutions du marché ont depuis toujours utilisé les salles de ventes pour doper un artiste et «monter une cote». Surpayer un peintre, ou présenter une œuvre pour la racheter soi-même ou la faire racheter par un tiers, à un prix parfois très supérieur à ce qu’elle vaut réellement, peut parfaitement s’envisager quand on dispose d’un stock de ce même peintre, et qu’on a besoin d’ un soutien de cote. A partir d’un certain nombre d’opérations, une dynamique d’achats s’enclenche, et la cote s’installe à la hausse, s’alimentant de sa propre spéculation. L'édition d'un ouvrage ou d'une monographie de l'artiste peuvent également conforter le montage. En règle générale, c’est bien après l’écoulement du stock de l’opérateur principal qu’il apparaît que l’artiste en question était nettement surévalué, et c’est à ce moment que les acheteurs naïfs, attirés par des perspectives de plus values ou de placement sur un artiste de grande valeur, voient le marché fléchir naturellement, pour finalement retrouver des cours sans commune mesure avec ceux auxquels on a cru avoir fait un bon placement.
Quelques exemples ? Les investissements sur Salvador Dali, avant que n’apparaissent des lithographies tirées à des milliers d’exemplaires, Bernard Buffet, après que l’on se soit rendu compte que le miracle du marché japonais n’ était qu’un feu de paille, Robert Combas et la chute brutale d' une cote artificielle, Claude Venard, etc. Nous pourrions citer d’autres noms, plus proches et plus familiers pour le marché marocain, mais cela ne ferait qu’alimenter d’inutiles et vaines polémiques.
Bien d'autres pratiques illicites sont préjudiciables à la transparence du marché, mais il faut néanmoins préciser, au-dela de ces errements dont il vaut mieux être averti,que le système dans son ensemble est fiable, et qu'il protège équitablement les intérêts de tous les intervenants. De même que la majorité des opérateurs respecte la déontologie de leur profession.
Il est un fait que la cote n’a jamais fait le talent, et encore moins le génie. Il est utile de rappeler à ce propos ce que conseillent les vieux routiers à tous ceux qui se sentent attirés par le marché de l’art et veulent y investir : achetez ce qui vous plaît, et pas ce qui plaît aux autres, ou ce qui est à la mode.
Et n’achetez qu’à condition que le prix vous paraisse raisonnable ; et si vous êtes tentés par un nom, n’oubliez pas que si vous payez un prix élevé, vous pouvez bien sûr sauvegarder ou améliorer votre placement, mais tout aussi bien le voir fondre comme neige au soleil. Car c’est quand la cote est haute que les orfèvres des manipulations de cours commencent à «retirer leurs billes», et que les naïfs et les incultes paient au prix fort l’imprévoyance et le «béniouiouisme». Les grands collectionneurs, que ce soit en arts plastiques ou en objets d’art, sont ceux qui se sont intéressés à un peintre ou à un secteur négligés par les autres.
Seule cette faculté d’anticipation permet le plaisir de jouir des œuvres d’art sans courir le risque de réveils douloureux. Ceci dit, encore une fois, il s’agit là d’un raisonnement de normalité dans le comportement économique. Car le marché de l’art continuera encore longtemps à faire également le bonheur de ceux, marchands ou acheteurs, qui se situent dans la sphère de «la flambe». Mais là n’est pas notre propos, puisqu’il s’agit alors de toute autre chose que d’art…
Lire la suite : les ventes aux enchères au Maroc.
CE QUI ARRIVE AUSSI AU MAROC ET QUI EST TRES PARTICULIER A NOTRE PAYS C'EST LE PHENOMENE D'OSTENTATION ET DE SENTIMENT D'APPARTENANCE A UNE CLASSE SOCIALE ELEVEE A PARTIR DU MOMENT OU C'EST MR UNTEL QUI A ACHETE LE PLUS CHER EDY LEGRAND OU LE MAJORELLE A 02 MILLIONS...
LA FRIME EST MALHEUREUSEMENT LIEE AU MARCHE DE L'ART AU MAROC ET NE PRETE AUCUNE CONSIDERATION A LA VIE OU A LA TECHNIQUE BIEN PARTICULIERE DE CHACUN DES GENIES DONT LES PRIX ATTEIGNENT DERNIEREMENT DES SOMMETS AHURISSANTS.
LA FRIME PARFOIS AVEUGLE AUSSI CERTAINS AU POINT D'ACHETER CERTAINES OEUVRES AU PRIX FORT DU MOMENT QU'ELLES FIGURENT DANS LE CATALOGUE DE CERTAINES MAISONS DE VENTE PEU SCRUPULEUSES ET PEU ATTENTIVES A LA VERIFICATION DE L'AUTHENTICITE DES OEUVRES.
Rédigé par : JALIL | ven. 14 avr 2006 à 12:17
Cher Jalil,
Vos reflexions sont tout à fait opportunes, et réfletent bien la situation liée au comportement de certains acheteurs sur le marché de l'art au Maroc. C'est pour cela que Marocantics ne laisse passer aucune occasion de tenter de donner un éclairage qui permette d'acheter intelligemment, et surtout de ne pas se laisser entraîner dans des opérations spéculatives, dont et les clients et le commerce finiront tôt ou tard par payer lourdement le prix. Nous sommes convaincus d'ailleurs que beaucoup de nos amis internautes comprennent le sens de nos interventions, qui se veulent positives et bénéfiques pour tous.
Rédigé par : Ali,ouèbe-maistre | sam. 15 avr 2006 à 12:34
Cher Ali,
fidéle à vos news car je vous aime beaucoup et j'apprécie beaucoup votre sens de l'enguagement je me permets de répondre à une des réactions de M.Jalil, pourvu qu'il nous lise.
Monsieur, l'ostentation est un sentiment qui ne motive pas les acquéreurs. D'ailleurs les tableaux les plus importants ne sont pas acquis par des "arrivistes". Il est un fantasme que de croire que c'est untel qui achéte pour épater la galerie. De nombreuses banques et organismes aujourd'hui créent des collections et suivent le cours du marché au Maroc et à l'étranger.
Je puis vous assurer qu'aujourd'hui le marché se réveille de plusieurs années de léthargie car on assiste à une vulgarisation de l'art et une professionalisation des acteurs.
Les galeries d'art qui exposent de bons artistes locaux vendent tout dés le soir du vernissage et la côte des orientalistes augmente car il est trés difficile d'en trouver.
Grâce au travail de gens comme M.Tazi, et de nombreux acteurs "dont j'espére faire partie" la situation avance un peu plus chaque jour. Cependant nous devons rester vigilant dans notre métier car de nombreux ateliers de faux se créent au Maroc.
Dommage que l'Etat ne s'investisse pas d'avantage.
J'éspére M.Jalil que vous révisiez votre position à l'égard des résultats de vente et vous serez le bienvenue à la CMOOA pour nous rencontrer et voire comment nous travaillons.
Cordialement
Hicham Daoudi
Rédigé par : daoudi | mar. 18 avr 2006 à 09:08
Cher Hicham,
J’ai beaucoup apprécié votre commentaire, dont le ton correspond parfaitement aux orientations didactiques que défend Marocantics depuis l’origine.
Je pense que le dialogue permanent est seul à même de faire avancer les choses dans notre pays, en matière d’art comme en tout autre domaine.
Ceci dit, il est certain que nous assistons depuis quelque temps à un phénomène nouveau sur le marché de l’art au Maroc, et il s’agit non pas de condamner aveuglément ou de porter des jugements hâtifs, mais d’abord de comprendre. Je considère ainsi comme heureux que vous nous confirmiez que des banques et des institutionnels se portent de plus en plus acquéreurs d’œuvres orientalistes.
Pour ce qui est de la promotion des peintres marocains, le propos devrait être nuancé, car si certains galeristes arrivent à bien vendre ( mais rarement quand même à 100% le jour du vernissage…), d’autres rament désespérément, alors qu’ils présentent des artistes de talent. Je crois bien que tout est une affaire de professionnalisme, et que pour prétendre à l’intermédiation artistique, il faut un minimum de culture, de formation, et d’expérience. Et parfois, on en est très loin !
Pour ce qui est du jugement sur les enchères publiques, il n’y rien de nouveau sous le soleil, le Maroc vivant une expérience par laquelle sont passés bien d’autres pays avant nous. Et si la bourgeoisie aisée découvre soudain les vertus du placement dans l’art, qu’elle l’apprécie réellement ou non, eh bien c’est tant mieux !
Le tout est d’être suffisamment tolérant pour admettre que si acheter ( ou vendre) à des prix même fous est du ressort de la liberté de chacun, donner son avis sur ces excès et les critiquer, ou même les dénoncer, ressort de la liberté que l’on se doit de reconnaître aux autres…
Finalement, il faut admettre que seul le vrai professionnalisme peut aider à faire évoluer ces questions, dont dépend pour une part l’environnement culturel futur dans lequel évolueront nos enfants. Que chacun donc, dans son domaine d’activité, essaie d’être le plus pointu et le plus rigoureux possible, et Dieu reconnaîtra les siens…
Rédigé par : Ali, ouèbe-maistre | mar. 18 avr 2006 à 13:21